Janvier 1998 - Numéro 4. Bimestriel. Ne paraît pas en juillet et août.
Périodique de l'Université de Houte-si-Plou, ASBL.
Editorial
L'Europe, un continent. L'Europe, une Nation? Par le passé, la société des hommes fut assoiffée de conquêtes, niant par-là-même la possibilité de l'existence d'une Nation européenne unie. En effet, les empires étaient fondés sur des alliances politiques instables, résultaient «d'accidents de l'Histoire (militaire)». Maintenant, ce que l'ambition irréfléchie a gravement mis en péril auparavant, la réflexion et la prudence l'ont autorisé. Bâtir une Nation européenne stable à laquelle ses composantes nationales ont adhéré librement et volontairement, impliquant que ses mécanismes de fonctionnement sont construits et élaborés par l'ensemble des représentants des composantes. Cela prend du temps, évidemment. Cependant, si un tel projet continue d'exister, c'est parce que, tous, nous pensons qu'il en vaut réellement la peine. Il convient donc de s'impliquer plus profondément si nous désirons aboutir sereinement...
Cyril Briquet
Thème général des conférences de la 3ème année académique:
«Europe: Espace de Réflexion Démocratique?»
ou
«Europe: S.O.S.!»
Le thème choisi en juin 97 par l'Université répond parfaitement à l'appel lancé en juillet 97 par une centaine de députés européens, à l'origine de l'intergroupe SOS-Europe. L'Europe va mal. Les Européens ont mal à l'Europe mais ne le savent pas. Il faut réagir!
C'est le temps des angoisses profondes. Manger la vache folle nous dit qu'on peut en mourir. Faire l'amour le sida nous impose des restrictions que la génération des 40-60 ans n'a pas connues. Respirer la pollution s'aggrave... Travailler le chômage est là, inexorable. Beaucoup imputent ces fléaux à l'Europe. Ils ont tort puisqu'ils sévissent partout. Mais que fait l'Europe? Une telle puissance devrait agir. Capacités de l'Europe ou plutôt incapacités?
C'est le temps des replis. Sur les individus, sur les Etats, voire sur les Régions. L'Europe va mal malgré l'euro. La fracture sociale s'amplifie. L'Europe va mal depuis Sarajevo. Elle a dit beaucoup de choses et elle n'a rien fait. L'Europe est fragile, inquiète. Son passé l'intimide, son avenir l'épouvante. Les gouvernants ont voulu offrir une vision commune. Ils l'ont fait à Maastricht: l'Europe s'élargirait à l'Est, mais l'Europe se renforcerait politiquement avant de s'élargir. Il faut une réforme des institutions. Le sommet d'Amsterdam a raté la réforme. L'Europe a été construite à six. Elle va devenir l'Europe des vingt et un, puis des vingt-cinq. Mais l'Europe ne peut plus fonctionner comme l'Europe des douze. Il y a blocage. Les anti-européens s'en réjouissent. Les pro-européens se tâtent. Il faut changer les règles. Il faut des institutions aptes à fonctionner. De l'efficacité, de la démocratie!
«Il faut indiquer ce qui est de la compétence européenne, ce qui doit rester de compétence nationale ou infranationale, ce qui doit être partagé et comment». Il faut un contrôle parlementaire sur l'Exécutif, la Commission. Il faut que les décisions soient prises à la majorité et non plus à l'unanimité. A une majorité calculée, cependant, tenant compte du poids de chacun des Etats. Cette réforme doit être débattue au sein des sociétés civiles des différents pays de l'Union Européenne. L'Europe est votre affaire, prenez-la en main.
Pour sa 3ème année académique, l'Université de Houte-si-Plou veut réfléchir sur notre devenir européen. L'Europe et les Régions; l'Europe et ses institutions; l'Europe et la monnaie unique; l'Europe et les acquis sociaux; l'Europe de 68 et celle de 98.
(D'après Horizons «Le Monde» du jeudi 2 octobre 97)
André Krupa, Président-Fondateur