Octobre 2011 - Numéro 62. Bimestriel. Ne paraît pas en juillet et août.
Périodique de l'Université de Houte-si-Plou, ASBL.
Le billet du président
Le printemps arabe nous apparaît comme une formidable bulle d'oxygène qui irrigue le Nord de l'Afrique et le Proche-Orient. Une victoire de la démocratie et de la jeunesse. Le rejet des dictatures pourries, corrompues, sclérosées qui enrichissent une caste en piétinant l'immense majorité du peuple.
De quoi enthousiasmer nos populations qui ont assez peu l'occasion de trouver l'actualité politique et économique très réjouissante.
Certains y voient même comme une réponse de la rue arabe au terrorisme islamique. Le rejet de la folie meurtrière de fanatiques cherchant à imposer à tous un mode de vie archaïque et à punir ceux qui ne pensent pas comme eux.
Mais la jeunesse veut vivre libre et en paix. La jeunesse arabe aussi.
Pourtant l'attaque de l'ambassade d'Israël au Caire par la population (la même qui a poussé dehors l'ex-président Moubarak ?) et l'affirmation par un dirigeant du conseil national de transition de la nouvelle Libye que la future constitution du pays sera basée sur la charria (la loi islamique) sont-elles de nature à rassurer les démocraties occidentales qui ont applaudi à la destitution des tyrans égyptien et libyen ?
En espérant une ouverture vers plus de liberté et non l'enfermement d'un pays derrière un niqab.
Évidemment chaque peuple a le droit de choisir ses propres dirigeants et la manière dont son pays doit être géré. Mais c'est inquiétant.
Cela est-il de nature à nous inciter à continuer à nous réjouir de ces révolutions qui nous paraissaient bien sympathiques ?
Plus largement, quels enseignements peut-on tirer de ce qui s'est passé et se passe encore en Tunisie, en Égypte, en Libye, mais aussi en Syrie et au Yémen ou au Maroc ?
Y a-t-il des rapprochements à faire entre ces situations ?
Pourquoi les réponses à ces événements de la part des pays occidentaux (et des autres : Chine, Russie, Japon...) sont-elles différentes lorsqu'il s'agit de la Tunisie ou de la Syrie, de la Libye ou du Yémen ?
Les bons sentiments (démocratie, paix, coopération...) s'érodent-ils en se frottant aux dures lois économiques (l'accès au pétrole, les contrats de reconstruction, l'influence d'un pays sur une région...)
Les bons sentiments sont-ils à géométrie variable ? Sont-ils solubles dans le pétrole ?
Les enjeux géopolitiques dépassent bien évidemment, et très largement, les limites des pays concernés. Ne serait-ce que par l'effet de contagion. Tunisie, Libye et Égypte sont voisins.
Mais au-delà de cela, les rapports de force et les alliances entre ces pays et les grands blocs politiques s'en trouvent modifiés. De quelle façon ? Avec quel impact ?
Ces révolutions ont-elles plus de chances d'aboutir et surtout de s'installer dans la durée que les changements de pouvoir imposés par la force des armées comme en Afghanistan et en Irak ?
Le monde sera-t-il plus sûr ou plus instable une fois ces changements acquis ?
Ou est-ce le début de modifications politiques bien plus profondes encore ?
Le professeur Amine AIT-CHAALAL, directeur au centre d'études et de crises et conflits internationaux (UCL) viendra exposer son point de vue.
Venez confronter votre avis au sien.