Novembre 2015 - Numéro 78. Bimestriel. Ne paraît pas en juillet et août.
Périodique de l'Université de Houte-si-Plou, ASBL.
Le billet du recteur
« Les réfugiés, une opportunité économique pour l'Europe ? »
L'Europe quitte l'ère industrielle pour entrer dans une nouvelle économie dont la conséquence la plus visible, est celle de la disparition de dizaines de milliers d'emplois. Cette mutation, qui se passe du travail des hommes pour optimiser les profits, va entraîner des bouleversements sociaux considérables.
Que voilà une mauvaise nouvelle !
Comment vont réagir les travailleurs européens, les nombreux laissés-pour-compte de cette mutation radicale et irréversible ?
On nous annonce que l'évolution climatique va également modifier la donne : le réchauffement des océans entraîne des changements climatiques sur les franges littorales mais également à l'intérieur des terres. Il faut s'attendre à des migrations internes de population d'une région vers une autre.
Ce que vit et pense l'élite intellectuelle.
Pour le magazine The Economist et pour de nombreux dirigeants européens, l'arrivée - même assez massive – de migrants peut avoir des effets positifs sur la santé économique de l'Europe.
La venue des migrants pourrait représenter un surplus de croissance du PIB de 0,6% pour la zone Euro, soit une croissante totale autour de 2,2% en 2016.
Que voilà une bonne nouvelle !
Mais peut-on faire confiance aux économistes et aux dirigeants européens ?
Ce que vit et pense le peuple.
Pour les populations européennes, la question de l'accueil des réfugiés et de celle des migrants est une nouvelle mise à l'épreuve, après celle de la crise financière et la mutation sociétale. Dans cette problématique, n'y a-t-il qu'une façon « radicale » de réagir ?
Façon radicale – sens 1 : « Nous avons un devoir impératif d'accueillir ces populations, réfugiés de guerre ou réfugiés économiques ». L'immigration, fusse-t-elle temporaire, est une chance pour l'Europe.
Façon radicale – sens 2 : « Ces populations sont dangereuses pour notre équilibre économique et culturel ; nous refusons de les accueillir ».
Face à ces positions radicales et incompatibles, ne pouvons-nous pas réfléchir sans a priori, en refusant toutes pensées racistes et xénophobes mais en ne faisant preuve d'aucune naïveté ou d'un angélisme irresponsable ?
Tout en réaffirmant que la vie d'un homme est « sacrée » sans distinction de couleur, de culture, de niveau social ou de religion, ne pourrions-nous pas refuser ces deux « pensées uniques » et oser nous poser plusieurs questions ?
Le droit international (Convention de 1951 relative au statut des réfugiés) doit-il s'imposer au droit des pays d'accueil ? Autrement dit, un pays a-t-il le droit de s'opposer à l'accueil de réfugiés au motif que les populations autochtones sont les seules à pouvoir disposer de leur territoire ?
Qu'attendent nos dirigeants politiques pour redéfinir l'aide au développement qui doit être utilisée comme levier coercitif privant de ressources les dirigeants des pays en guerre ou conflits ?
Quel est l'impact de la religion des migrants sur les réactions de la population ? L'appartenance à la religion islamique d'une majorité des migrants n'est-elle pas un élément qui « en rajoute une couche » dans le débat européen actuel sur l'islamisme et le terrorisme ?
Les populations européennes ont-elles les moyens économiques d'absorber un flux de migrants dont on nous annonce qu'il ne tarit pas ?
L'Université de Houte-Si-Plou invite Eddy CAEKELBERGHS, licencié en sciences politiques et relations internationales (ULB), journaliste et présentateur de l'émission quotidienne sur la Première « Face à l'info ». Eddy CAEKELBERGHS est franc-maçon (Ancien premier Grand Maître adjoint du Grand Orient de Belgique) ; il se définit comme humaniste et il plaide régulièrement pour des causes d'ouverture et de tolérance.
En 3.000 émissions, E. CAEKELBERGHS a recueilli les propos et les réflexions des grands acteurs de ce monde : politiques, diplomates, chefs d'entreprises... ce qui fait de notre conférencier un témoin intéressant des pensées de notre temps.
Il nous livre ici ses libres réflexions à propos de la délicate problématique des migrants.
Benoît HONS