Mai 2016 - Numéro 80. Bimestriel. Ne paraît pas en juillet et août.
Périodique de l'Université de Houte-si-Plou, ASBL.
Le billet du président
Crise. Crise sociétale. Crise économique. Crise des valeurs. Crise des migrants… Partout, on parle de « crise ». Depuis bien des années.
C'est un fait que des mutations profondes sont en marche dans le monde, à une vitesse inégalée dans l'histoire de l'humanité, d'une ampleur inimaginable il y a vingt ans et touchant tous les aspects de notre vie. Trop, trop vite, le tsunami de la mondialisation emporte tout : affaiblissement des solidarités traditionnelles, effritement des institutions fortes (école, justice, famille), effondrement des idéologies (communisme, capitalisme débridé). Des valeurs comme le travail, le mérite, le partage, la démocratie ne constituent plus des remparts absolus pour un « vivre ensemble » satisfaisant pour tous. Les gouvernements apparaissent souvent incapables de régler les problèmes de la majorité des citoyens.
L'Europe, élargie trop vite sans approfondissement suffisant, renvoie souvent l'image de l'inefficacité. Elle devient le bouc émissaire tout trouvé pour tous les mécontents. Ces profonds changements génèrent chez beaucoup frustration et angoisse. Et au niveau de l'angoisse, le terrorisme et les attentats en rajoutent une couche.
Les mutations permanentes, la perte de repères et la situation anxiogène mènent à l'effritement identitaire et ne permettent plus d'apprécier suffisamment et accepter les différences culturelles, ethniques, religieuses dans une société globale et plurielle.
L'immense danger est l'émergence forte de populismes identitaires, partout dans le monde et surtout en Europe. Repli égoïste sur soi, sur de petits groupes ethniques ou religieux, sur le rejet de « l'autre » qui apparaît menaçant, comme un ennemi. Nous sommes tous des proies potentielles !
Cependant, des réponses individuelles ou par petits groupes se font jour comme le bénévolat et les manifestations tous azimuts. Prendre conscience que nous ne vivons pas une crise est une nécessité absolue. C'est le point de départ pour avoir une réflexion et pour entreprendre des actions. Car il est temps. La mondialisation n'attendra pas. Les années 30 ont produit le fascisme. Il ne faudrait pas laisser l'histoire bégayer.
Qu'y a-t-il à faire ? Que peut-on faire ? Qui peut le faire ?
Venez donner votre avis.
Robert BRIQUET